Tu serais morte de pluie sous cette peur
Ainsi avons-nous plié corps et objets dans le creux
Le coffre il se peut que ça parle ou simplement rire
L’aller vers le silence vers un peu de regard
Sous cette pluie qui patiemment l’efface
Marseille encore le calme est dans longtemps
Trente impromptus t’agitent la mer est froide
Seule et saisissante tu dis c’est se sentir vivant
Et déposer les défunts quelques brasses plus loin
Déjà jeudi dans le fracas des camions la fatigue
S’étire au creux de chaque membre s’agrippe
Tout est beau le temps s’échoue sur le tapis
Ces grains de sable sont l’équation de notre jour
Parmi l’ambre et l’acacia dénoue ton bel amour
Pas en paix mais dans ce désordre mi cieux mi sol
Notre langue en possède le goût d’inaccompli
Bien qu’apte à soutenir nos cris nos appels
Toi l’invitée des trop grandes chaleurs simplement
Blottie contre toi-même enfin calme hormis cette jambe
Transpercée par les lances de ton sommeil dormir
Est le mot car sans savoir comment font les autres
Matin colonne de fumée s’ouvre le ciel
Ouverte : comme un cœur très frais la lumière
S’annonce contamine chaque habitant du ciel
Simple décor d’arbres et d’immeubles
Témoin ciselé du levant – le temps de l’écrire
Le sang tourne à l’or et tout s’embrase mais
D’un feu d’une infinie douceur
Le jour s’ouvre sur un monde s’ouvre sans fin
L’aurore une écriture d’homme couché
Témoin de toujours nappée d’huile claire
- Un oiseau pour motif un instant
Un jour s’est figée la page d’intranquilité
Ce ne sont plus tes yeux qui ratissent le ciel
Mais le ciel qui te scrute de loin ton sommeil
S’est conformé tes sourires ont le dessin du remord
Serait-ce ta nouvelle posture et pourquoi
Chaque matin se lever et réapprendre la loi
Savoir cueillir le jour : premier travail d’homme
Paupières lourdes nos rêves nous échappent
Au soir paré de cette violence à voix basse
Chaque caresse : une gifle ralentie à l’extrême
Tandis qu’il aimait son corps boxait dans l’ombre
On a levé la main le gant la foule s’est hissée
Sueur ou larme dans l’œil un carré de lumière
Sur le fil en face nul être au cri du gong
En un l’avancée du pied l’oiseau s’envole
Son bras s’échappe trace l’écho du corps en deux
Un tigre a rugit c’est trois soudain prêt pour l’assaut
Dans l’immobile la guerre continue rythme ténu
Du cœur des larmes d’un baiser mais sur la ligne
Les coups parés seront comptés sans altérer nos vies
Soudain le bleu baigné de silence
S’en est fini du jour qui tombe facile
Lauriers tressés de tes cheveux sombres
« Encore ne pas savoir comment »
Soudain pénombre porte carré clair
Des voix qui ne sont plus tienne
Bien trop tienne sans le soutien du temps
Corps qui ne te coïncident plus
Soudain les murs n’en finissent pas leur
Blancheur les trous leurs cicatrices ces
Lassos tressés de pur hasard
Il dit deux points ouvrez les guillemets
Dans un silence presque infini – en danse
On parle de geste aspiré
Centimètre par centimètre du corps de X
S’approche d’elle s’accroche il dit
Puis s’essouffle au sol en son langage
Que son dos repère encore il dit
Puis prend la place du mort
Il dit encore c’est bon signe
Tandis que lune et ciel se séparent
Un train passe tout à son fracas
Serait-ce l’impatience des nouveaux jours
Grande flaque de soleil percée d’eau retenue
En l’instant les poumons du ciel éternuent
L’homme gare la voiture au pied du vide
Elle aime ces silences emplis de fumées
D’attente (il est parti serrer des mains)
Elle pourrait se dire perdue se gratte
La nuque attentive à l’éveil aux odeurs
Chaque mot est l’occasion d’un rêve
Le vent s’invite un fado le bruit des tondeuses
Il y aura là juste entre les voix le mot futur du
bout des lèvres – juillet s’étire dans sa fraîcheur
Sur l’écran comme par la fenêtre : d’autres visages
d’autres ciels et la danse toute à son intuition
bientôt le dos reprendra la place première
Partout sera l’endroit où l’on peut être
sous les eucalyptus au plus vif d’un souvenir
à la cime du fleuve qui nous dérive sans hâte
Son avenir l’attend : mal aux jambes au ventre
Aux ventricules elle hésite est assise dans ce train
Se retourne (chaque respiration lui coûte) au moins
A-t-elle quitté la solitude du quai la solitude du quai
Inondée de soleil attendre l’heure juste
Qu’un choix s’offre aux doigts d’un désir
Comme simple instant comme souffle retenu
Entre l’éclat des pages et l’écho du gouffre
Là où la mer n’attend personne
Ni peine ni sarcasme par-dessus
Face aux crêtes les mugissements
La peur toujours la peur moteur poussif
Le bras qui fait justice l’angle mort
- Vue surdité face à l’immensité symphonie